LE BONHEUR AVEC SPINOZA : l’Éthique reformulé pour notre temps – Bruno Giuliani

Le bonheur avec Spinoza : l'Éthique reformulé pour notre temps - Bruno Giuliani
Bruno Giuliani
LE BONHEUR AVEC SPINOZA : l’Éthique reformulé pour notre temps
Éditeur : Almora – septembre 2017
EAN : 978-2351183359
3 out of 5 stars (3 / 5)
Professeur agrégé et docteur en philosophie Bruno Giuilani nous donne à lire son propre entendement « très personnel » de la plus retentissante œuvre de Spinoza. Cet éclairage n’est pas anodin et semble avoir pour objectif, celui de replacer l’Éthique de Spinoza (dont je n’ai lu que les prémices)…dans un courant de pensée qui récuse :
D’une part : l’athéisme
D’autre part : l’athéisme spirituel qui – pour ce dernier – semble être à priori une classification construite à partir de deux concepts antagonistes qui s’annihilent l’un par l’autre et inversement pour rejoindre dans un espace temps non déterminé un néant non identifié ?!Selon Monsieur Giuilani ; Deleuze reconnaîtrait en Spinoza le plus philosophe des philosophes et pourtant le principal ouvrage de ce dernier : « l’Ethique » aurait dû conduire l’humanité sur la voie « royale » de la sagesse, de la clairvoyance et du discernement.

Ce ne fut pas le cas.

Sans doute d’après ce qu’il m’a semblé comprendre – en lisant l’ouvrage de Monsieur Giuilani -Spinoza n’a-t-il pas souhaité partager son savoir avec ses contemporains :
– d’une part, par souci de sécurité.
Excommunié pour hérésie en 1656 par la communauté Juive à laquelle il appartenait, son ouvrage « clef » ne sera finalement édité qu’après son décès,
– d’autre part l’essence de l’œuvre en question ne pouvait intéresser selon son auteur que les seuls philosophes susceptibles d’appréhender sa pensée c’est sans doute pourquoi l’écriture de « l’Éthique » demeure hermétique pour le « commun des mortels ».
Pourtant Voltaire, lui-même, à ce propos s’exprimait de la sorte :  » je ne connais que Spinoza à avoir bien raisonné mais personne ne peut le lire « ?!…

Avant d’aborder l’étude de « l’Éthique », il s’agirait donc dans un premier temps de resituer cet essai dans le contexte géopolitique de l’époque où il a été écrit (Frédéric Lenoir dans son livre : LE MIRACLE SPINOZA a déjà œuvré en ce sens) puis par la suite, de livrer l’ouvrage à d’autres philosophes qui en feront l’analyse selon leur propre intuition.

Or on n’approche pas l’intuition spinoziste sans avoir recours (pour la traduction de « l’Éthique ») à des penseurs susceptibles de défricher « les zones d’ombre » qui figent le lecteur non averti dans un immobilisme l’incitant au renoncement c’est pourquoi, j’ai choisi – dans un premier temps – d’aborder la lecture de l’ouvrage de Monsieur Giuilani qui replace au moins « L’Éthique » dans un système de valeurs essentiel à sa compréhension.

La reformulation de Bruno Giuilani consiste en une reconfiguration – non partielle – du texte initial de Spinoza.
Cet auteur – dans son avant-propos – admet d’ailleurs s’être approprié l’œuvre de ce philosophe pour tout simplement la réécrire selon ses propres convictions sous une forme littéraire allègrement commentée et par conséquent plus pédagogique ; elle s’en trouve donc quelque peu, démystifiée, mais aussi magnifiée ce qui pourrait nous inciter – pour ceux qui en auront le TEMPS, LA VOLONTÉ et LES CAPACITÉS à décrypter plus facilement le message délivré dans « l’Éthique » avec une énergie vitale qui replace la foi (et non la religiosité ?!…) au centre des concepts délivrés par l’œuvre de Spinoza dont il est ici question.

En effet l’auteur de l’Éthique impose au lecteur le monème « NATURE » OU « SUBSTANCE INFINIE » POUR IDENTIFIER DIEU » il faut bien reconnaître que pour certains esprits athées, agnostiques, cartésiens et/ou religieux ….ce concept de la divinité peut apparaître non seulement provocateur mais incompréhensible malgré et peut être -sans doute – de part le raisonnement mathématique de base élaboré par ce penseur à partir de définitions, postulats, propositions, axiomes, démonstrations et scolies qu’il nous faut dans un premier temps admettre et surtout mémoriser pour comprendre (ou non) l’enchaînement des déductions ordonnées à partir d’un schéma de base qui peut sembler aléatoire et non recevable.

C’est pourquoi Monsieur Bruno Giuilani a interprété ces données pour en faire une synthèse argumentée accessible au plus grand nombre des lecteurs de son ouvrage.
Cependant, ce penseur ne propose pas une véritable traduction de l’Éthique mais utilise le raisonnement abscons de Spinoza avec discernement pour formuler sa propre philosophie et finalement nous donne à percevoir une conception moderniste de l’oeuvre dont il est ici question qui me paraît ne pas se trouver en parfaite adéquation avec le texte original d’ailleurs intraduisible si ce n’est par le lecteur lui-même qui ne peut être – semble-t-il – que par NATURE ET PROFESSION : PHIL0SOPHE » ?!…

Ai-je lu l’Éthique de Spinoza : NON, mais j’en ai abordé les prémices c’est à dire la base fondamentale des données relatives à sa construction.

Ai-je lu « Le bonheur avec Spinoza » de Monsieur Giuilani : OUI.

Ce décodage m’a d’ailleurs permis de comprendre comment cet auteur interprétait la notion spinoziste de « substance infinie » et celle du « bonheur » qui pour ce dernier pourrait advenir grâce à l’accueil de l’intuition directe graduellement et laborieusement enrichie par la compréhension de toutes les réalités qui nous visitent.
La brillante et intéressante étude de Monsieur Giuilani mérite par conséquent une attention toute particulière.

Elle pourrait nous permettre – dans un premier temps – de retrouver notre sentiment d’universalité pour nous réjouir simplement d’exister au sein d’un espace/temps spiritualisé.
Le bonheur auquel chacun aspire semble par contre – toujours selon la traduction de Monsieur Giuilani et d’après ce qu’il m’a été donné d’appréhender- relever pratiquement essentiellement de l’ascèse ?!…

Comment en serait-il autrement lorsque l’on a connaissance de la vie de Baruch Spinoza faite de nombreux renoncements sur les plans « matériel » et sur celui « des passions ».

« MAIS RÉJOUISSONS-NOUS !… »
Qui, finalement, nous inciterait à rechercher à tout prix le bonheur absolu (difficilement accessible) plutôt que la joie, ponctuelle mais sans cesse réactualisée, d’exister et de vivre dans un monde qui pourrait devenir harmonieux et paisible ?

Béatrysse Dartstray