LE VASE DE CRISTAL ET L’ENFANT ou PAROLE VÉGÉTALE

L’enfant l’observait longuement ; c’était un objet lourd, imposant transparent que la moindre lumière paraît de mille feux. C’était également l’instrument du chagrin renouvelé chaque fois que les fleurs qui l’habitaient, venaient à se courber constatant avec effroi leurs tiges ligneuses étiolées, démasquées par la transparence indécente de leur cercueil de sable et de plomb ; elles s’en affligeaient, se courbaient et perdaient toute force. L’eau aussi limpide soit-elle ne parvenait jamais à les réanimer ;  alors l’enfant consterné se mit à grandir prématurément ; à l’âge adulte, il se retourna et quitta définitivement la salle de réception de ses parents.
Les fleurs se redressèrent et le jeune homme commença à construire, en silence, loin de la maison de ses ancêtres ; son propre espace de liberté.