FEMMES INVISIBLES – Caroline Criado Perez

Femmes invisibles - Caroline Criado Perez
Caroline Criado Perez
FEMMES INVISIBLES
Éditeur : First – février 2020
Format : ebook (ePub)
EAN : 978-2412053034
4 out of 5 stars (4 / 5)
Caroline Criado Perez est une journaliste militante féministe britannique.

Elle prône une meilleure représentation des femmes dans tous les domaines de la vie sociétale quelles que soient leurs origines : « ethnique », « spirituelle » et/ou « sociale ».

Selon cette journaliste, l’être humain serait resté, sur l’absence de données genrées du monde préhistorique.

À cette époque, l’homme, surpassant l’être féminin de par sa force physique n’aurait pas pensé la femme mais l’aurait « enregistrée » au sein de sa propre substance comme un sous ordre masculin partenarial.

Ainsi, l’être genré masculin n’aurait pas appris à identifier la femme comme une entité  » humaine et complète dans sa singularité féminine » et cette dernière aurait omis de manifester sa réalité existentielle différenciée.

Chacun étant responsable de leur non reconnaissance d’une complémentarité basée sur une structure humaine spirituelle identique.

Cet ouvrage « femmes invisibles » paru en 2020 pourrait nous sembler déjà désuet or malgré le mouvement Me Too et les protestations livresques des différentes philosophes féministes ; l’aspect existentiel des femmes reste (dans l’espace/temps du domaine quotidien) souvent, sinon invisible (comme le prétend l’autrice de cet ouvrage) mais pour le moins difficilement accessible et de toute façon hautement sous-évalué.

L’idée que le système occidental auquel nous appartenons consisterait en un modèle méritocratique ne serait pour la majorité des femmes – selon Madame Caroline Criado Perez – qu’un mythe insidieux.

La réalité « statistique » (recueillie par cette journaliste avertie) prouve que si l’évolution du statut de la femme s’est – au sein du monde occidental – nettement amélioré il n’en reste pas moins relativement précaire.

Les femmes restent encore, parfois « inquiétées » par leurs homologues masculins et parfois invisibles lorsqu’elles sont issues de milieux social et/ou familial défavorisés.
Par conséquent elles ne sont pas encore évaluées selon leurs aptitudes, leur endurance au travail, leur ingéniosité, leur intelligence différenciée des modèles masculins et selon leur propre force d’âme.

Aristote, philosophe du IVe avant J.-C. assena « un coup fatal » au modèle féminin qu’il réduisit (dans son traité zoologique) à la fonction de reproduction.
Pour ce grand maître de la pensée, la lecture du « masculin » restait – par essence – primordiale puisque la production d’une femelle au lieu d’un mâle constituait – pour ce philosophe – une première déviation, déviation reconnue pourtant comme indispensable à la nature ?!…

Depuis Aristote, la position « essentielle » de la femme ne semble guère avoir évolué malgré les subtiles argumentations de Madame Simone de Beauvoir.
En effet, les femmes qui ne sont pas susceptibles d’accéder à la maternité quelles qu’en soient les raisons, ne sauraient encore à l’heure actuelle, être considérées comme ayant une valeur identique à leurs consœurs qui envisagent volontairement ou non de procréer.
La valeur de la femme moderne demeure encore dépendante de ses capacités à prolonger l’espérance de vie de notre humanité et des valeurs familiales qui l’accompagnent.
Aristote a effectué une étude zoologique et non sociologique pour établir une « fausse vérité » qui n’est pas encore totalement contestée alors que le déroulement du temps nous a déjà propulsés au XXIe siècle.

Justifié par leur position d’inclusion au coeur d’une universalité masculine héritée de l’antiquité, le droit à l’érudition ne fut distribué qu’avec parcimonie – en occident – aux femmes les plus favorisées, qu’aux portes du XIXe siècle. C’est d’ailleurs grâce à ces pionnières que les femmes purent enfin acquérir les droits fondamentaux que les hommes ne surent leur attribuer non par conviction mais sous la contrainte indirecte de ces féministes déterminées, enthousiastes et …parfois généreuses.

Il faut toutefois souligner que cette élite féministe sut rester (quelles que soient leurs positions politiques) à l’écart des classes populaires et c’est dans l’entre-soi qu’elles poursuivirent leur combat.

Pour leurs consœurs, beaucoup moins favorisées, la lutte s’exerça de manière différente.
Les deux guerres mondiales, subies notamment par la France, incitèrent les femmes à additionner « tâches ménagères » et « activité professionnelle » pour leur permettre de subvenir aux nécessités de la vie quotidienne.
Esclaves dans leurs foyers désertés par les hommes, esclaves dans leurs professions mal rémunérées ; elle brandirent toutefois le « sceptre » de la liberté sans véritablement réaliser
que d’esclavage en esclavage elles pourraient perdurer.
C’est d’ailleurs après la deuxième guerre mondiale qu’en France, la loi du 13 juillet 1965 a autorisé les femmes à « travailler » sans l’autorisation de leur époux et à ouvrir un compte en banque en leur nom propre.

Aujourd’hui les femmes privilégiées parviennent à accéder à des postes à responsabilité ; leur mérite est d’autant plus grand que l’hypertechnologie utilise des paramètres générés en principe unilatéralement par les hommes pour entrer les algorithmes nécessaires à la réalisation d’un produit ou d’une forme plus subtile de « rêve » ou de « réalité ».

Selon Caroline Criado Perez on retrouve donc ces stéréotypes culturels masculins dans les technologies reposant sur l’intelligence artificielle.

Or les « produits » générés par l’IA se retrouvent aussi sur « le marché traditionnel » portés à la vente et réceptionnés par des êtres « genrés » différemment.
Là encore les femmes vont devoir acquérir des objets correspondant aux normes établis par les hommes : les smartphones sophistiqués par exemple ne peuvent être incérés dans les poches des vêtements féminins et les voix des femmes ne sont pas reconnues systématiquement par ces mêmes appareils.

Cependant si l’on souhaite rester sur une note positive ; munies de ces informations, les futurs programmeurs pourront peut-être corriger leurs algorithmes largement masculins.

La masse d’informations apportée par l’autrice de cet ouvrage (uniquement journalistique) interpelle les femmes sur leur conditions de vie encore bien précaires en occident et inhumaines en certaines contrées dont les images apparaissent sur nos divers écrans.

Au regard de ces données et d’un point de vue purement idéaliste j’ose « penser » que lorsque l’homme et la femme parviendront à identifier, chacun, leur VALEUR existentielle différenciée simplement par leurs « genres » complémentaires…les guerres internes et territoriales cesseront.

À l’instar D’Edgar Morin, pourquoi ne pas croire au surgissement de « l’improbable » que nous saurions apprivoiser pour « réparer » nos sociétés et inviter de nouveau l’espérance ?

Béatrysse Dartstray